Les grèves scolaires entreprises dans le cadre du mouvement international Fridays For Future impliquent de nombreuses heures de cours manquées. Cet argument est souvent utilisé par les médias et les politiques pour relayer une image négative du mouvement. Le raccourci est vite fait: de jeunes gens qui loupent l’école pour défiler dans les rues en demandant la justice climatique seraient des fainéants. Qu’en est-il réellement? Les apparences sont parfois trompeuses et il faut se donner la peine de creuser sous la surface des grèves. Pour commencer, les heures de cours manquées doivent inévitablement être rattrapées aux frais des activistes afin de réussir leurs études. Mais ce n’est pas tout. Il y a dans ce mouvement différents niveaux d’implication. Certain-e-s jeunes passent des heures de travail à organiser les grèves pour le climat entre logistique, demandes de manifestations, invitations à la presse, communication, sécurité, etc. En plus de l’organisation des grèves, il y a aussi la réflexion sur le fond, la structure, l’avenir, les revendications. Au retour des cours c’est au mouvement que les jeunes s’adonnent entre administratif, réseaux sociaux, vidéos-conférences et j’en passe. Ces moments peuvent se compter en heures de travail par jour pouvant causer des moments de stress intenses. 

On parle d’angoisse climatique due à la surcharge de travail, aux incertitudes liées à l’avenir. Ces angoisses peuvent causer des dégâts psychologiques immenses comme le syndrome de stress post-traumatique par exemple. Les jeunes sont coincés dans une impasse entre stress et besoin d’agir mais cela ne les fige pas, ils font preuvent d’une ténacité exceptionnelle et cela se voit grâce aux récentes mobilisations et au travail fourni. Ce qui démontre qu’il est possible de jongler entre responsabilités et climat même si cela engendre des coûts. Si des jeunes de 10, 14, 20, 25 ans sont capables de le faire, pourquoi pas des politiciens qui sont en plus rémunérés pour s’occuper des affaires publiques et du bien-être de la population. Pour l’instant ils ne sont pas à la hauteur.

 

Question posée à 5 activistes : Quel est votre sentiment lié au travail fourni dans le mouvement Fridays For Future? Ce travail génère-t-il du stress?

 

Julia Schuster from Austria

I am doing videos, photographies, and social medias. It could be stressful sometimes because I am the only photograph in my hometown in Austria. I have to be everywhere at the same moment. It is my only responsibility but it’s my way to express what is going on now. It is a part of me, I am happy to express it like that.

 

Luca Salis from Germany

I work a lot for Climatestrike because I think it’s really important. It’s the only thing that I can do right now that could cause a change. It’s stressful but we have a good community, we have the same goal and work together in a huge team which most of the time works really well. It makes the stress less bad. It’s a lot of work but I do it because I think it is important; I have so much motivation. 

 

Lily Fitzgibbon from England

I organise the strikes in Bristol, England. It seems that skipping days at school is the opposite of work but I don’t think the really think about everything that goes in before that and all the planning and the preparation. For example this week for the England team at the SMILE has been amazing but at the and of the day we just go back at the accommodation and we work until midnight, one, two because we’re already planning for september strikes that is coming up. It is more than just gigging out on the streets. It is stressful in a positive way because it makes me feel like I am doing something and if I wasn’t doing something it would be equally stressful.

 

Andrès Succar from Lebanon

Je ne suis pas étudiant, je loupe mon travail pour faire la grève. Au Liban peu de personnes mettent du temps pour organiser les grèves donc c’est moi qui le fais. Ca me crée beaucoup de stress parce que je me sens tout seul et c’est difficile. L’éducation est mauvaise, il y a un énorme problème avec l’éducation standardisée. Les étudiants peuvent apprendre beaucoup plus dans les Fridays For Future, pendant les grèves qu’à l’école. Les conversations qui se créent dans ce contexte sont exceptionnelles.

 

Thomas Eitzenberger from Austria

The climate crisis frightens me to the core of my heart. I am now a grandparent for nine months and I am just imagining in what kind of world this little child is going to live in if we don’t find a solution. For me it’s evident, they are thousands of thousands of scientists who tell us over and over every year news about how bad it is and people still think about there pleasure when it’s about to save the planet. Sometimes it’s really frustrating and on the other side some conferences gives you a great boost of energy. They’re so many young people that are engaging. The responsibility is pushing me to act because the situation is really critical and a lot of actions need to be done and that results in stress. So it’s positive stress because it is energising but when you overstep your ambition then you’re just really feeling tired, exhausted. 

 

Mathilda Zanella

Crédit photo: Damon